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La France "prison fiscale" : quand le prix Nobel d'Economie interpellait Gabriel Zucman sur son projet de taxe
information fournie par Boursorama avec Media Services 13/10/2025 à 17:23

Désigné co-lauréat du Nobel d'Economie 2025, l'économiste français Philippe Aghion s'est illustré par ses travaux sur la croissance et l'innovation. Ses positions ont été confrontées en septembre dernier à Gabriel Zucman sur la question de la taxation des plus riches.

Philippe Aghion, au Collège de France de Paris, le 8 juin 2021 ( AFP / ERIC PIERMONT )

Philippe Aghion, au Collège de France de Paris, le 8 juin 2021 ( AFP / ERIC PIERMONT )

Le Nobel d'économie 2025 a été décerné lundi 13 octobre à un trio, composé de l'Américano-israélien Joel Mokyr, du Canadien Peter Howitt, et du Français Philippe Aghion. Ce dernier, ponte du concept de "destruction créatrice", a exhorté l'Europe à investir dans l'innovation pour ne pas se laisser décrocher par la Chine et les Etats-Unis, dans sa première prise de parole en tant que prix Nobel.

Ecrivain et chroniqueur économique, Philippe Aghion s'est notamment illustré récemment sur la scène économique pour son opposition au projet de "taxe Zucman" appliquée à la seule sphère nationale, mettant en avant les risques de décrochage économique qu'une telle mesure pourrait engendrer dans le pays. Le journal Les Echos rapporte ainsi les propos d'un débat animé, organisé le 17 septembre dernier lors du "France Digitale Day", auquel ont pris part Philippe Aghion et Gabriel Zucman, défenseur de la contribution spéciale de 2% demandée aux plus riches.

Ne pas rater la nouvelle "révolution"

"On partage avec Gabriel le souci de ce qu'on souhaiterait, une économie prospère et redistributive", avait noté en préambule Philippe Aghion. "Le seul problème que j'ai avec le dispositif que propose Gabriel, c'est que ça inclut l'outil de travail. Est-ce que c'est juste de taxer un patrimoine professionnel dont la valorisation est très volatile et non réalisée? Si l'objectif est vraiment de contrer l'optimisation fiscale, qui passe beaucoup par le cantonnement des profits au sein de holdings patrimoniales, pourquoi viser des start-ups à forte valorisation mais pas encore profitable?", avait-il notamment demandé.

"Je ne voudrais pas que la France manque la révolution de l'IA parce que nous décourageons des gens comme Arthur Mensch ou d'autres", avait-il encore abondé, en référence au cas du fondateur de la licorne Mistral AI, valorisée à plus de 12 milliards d'euros mais pas encore cotée sur les marchés.

Relancé sur le sujet, Gabriel Zucman répond mentionnant l'exemple de Bill Gates à l'occasion de la création de Microsoft en 1975, alors soumis à de forts taux marginaux d'imposition. "Avec un impôt de 2% sur les grandes fortunes, on parle simplement de demander aux centi-millionaires de ne pas payer moins que le reste de la population. C'est difficile de voir quelque chose dans l'expérience historique ou internationale qui laisserait penser que ça va conduire à une forme de baisse de la croissance ou de l'investissement", fait-il valoir, avant que Philippe Aghion n'insiste sur un projet de taxe inapplicable à l'échelle nationale, préférant s'attaquer à l'utilisation "abusive" des holdings.

"Tu vas transformer la France en prison fiscale et tu vas faire tomber l'attractivité de la France"

"Là il y a un vrai sujet, je pense qu'il faut le traiter !. Il y en en France une utilisation abusive des holdings familiales ou patrimoniales pour échapper à l'impot sur les successions et sur le revenu. Mais (les Etats-Unis) n'ont jamais eu la taxe dont tu parles !" , rétorque Philippe Aghion, et surenchérit :

"Tu ne peux pas faire ta taxe Zucman en France seulement. Tu ne peux faire ta taxe que si tu la fais au niveau européen. Un des grands acquis des 10 dernières années, c'est que l'attractivité de la France a augmenté pour les investisseurs étrangers. (Si) tu mets ta taxe uniquement en France, tu vas transformer la France en prison fiscale et tu vas faire tomber l'attractivité de la France. Donc tu ne peux faire ça qu'au niveau européen".

Zucman conteste le débat sur "l'illiquidité" des richesses

"Tout le débat, c'est dans les cas rares mais réels où de très grandes fortunes ne génèrent pas encore de liquidités. Comment s'assurer que les personnes puissent payer, c'est un débat important et il y a un tas de modalités dont il faut parler", admet pour sa part Gabriel Zucman. Mais "si vous avez un milliard, vous avez une capacité contributive. Vous ne pouvez pas sortir de la société. Il y a un moment où quand vous êtes à ce niveau de richesse, vous devez être dans le champ de la solidarité nationale", juge t-il, prenant ses distances avec le débat sur "l'illiquidité", et des richesses virtuelles qui ont a des "conséquences extrêmement réelles".

"L'argument que la richesse n'existe pas et il n'y a que le revenu qui existe, il est faux !", ajoute t-il. "Le dispositif que je propose, c'est pas le grand soir fiscal, c'est pas faire payer les riches, c'est pas décourager l'entrepreneuriat, ça n'a rien à voir avec ça ! C'est de mettre en conformité nos lois fiscales avec le principe fondamental d'égalité devant l'impôt, plaidant pour un "mécanisme correctif" de taux minimum.

11 commentaires

  • 19:48

    Cela me semble évident que cette taxe Zucman ne peut pas s'applqiuer a la France seule sans y faire beaucoup de degats . Peut etre qu'au niveau Enropéen elle peut marcher. Zucman se dit économiste ?


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